🇫🇷 Borgo: Une surveillante de prison condamnée pour corruption

Le tribunal correctionnel de Bastia a infligé une peine d’un an d’emprisonnement à un agent pénitentiaire de la maison d’arrêt de Borgoreconnu coupable d’avoir transmis des téléphones portables à deux détenus
Qu’est ce qui motivait Maud Duprat ? L’esprit de lucre ou des sentiments plus élevés ? Faute de discussion sur la matérialité des faits – reconnus par tous les protagonistes – c’est cette question qui a été au centre des débats, hier, devant le tribunal correctionnel de Bastia.
Avec quatre autres prévenus, cet agent pénitentiaire comparaissait pour avoir introduit, entre septembre 2014 et février 2015, des téléphones portables dans l’enceinte de la prison de Borgo. Des faits réprimés par le Code pénal sous la qualification de “corruption passive par personne dépositaire de l’autorité publique”.
Les bénéficiaires de ces remises illicites ? Deux détenus : Pierre-Antoine Peraldi et Simon Giuntini, poursuivis, de leur côté, pour “recel” et “corruption active”. À eux deux, ceux-ci reçoivent, en quelques mois, une dizaine d’appareils, qu’ils revendent à leurs codétenus.
Un trafic alimenté par la surveillante, qui prélève au passage une partie des bénéfices. Le montant de ses “gains” reste toutefois modeste : 1 300 euros pour l’ensemble des remises.
Dans le cas des téléphones transmis à Peraldi, l’approvisionnement se fait par l’intermédiaire de Rodolphe Grosol, un ancien “pensionnaire” de Borgo – poursuivi mais absent et non représenté – qui se charge de commander les appareils et de les remettre à Maud Duprat. Mais, ici, l’appât du gain n’est pas seul en cause car la prévenue entretient une liaison avec le détenu qu’elle est censée surveiller. Un détenu visiblement coutumier de ce genre de relation.
“Elle est sous le charme”
Par le passé, il a déjà noué une “idylle” avec une autre surveillante de Borgo, laquelle a été condamnée, en 2015, à trois ans d’emprisonnement pour avoir alimenté un trafic de téléphones et de stupéfiants à l’intérieur de la prison.

Dans le cas de Giuntini, un autre ressort est semble-t-il à l’oeuvre : la proximité de la surveillante avec Lætitia Castellani, qui est à la fois la soeur du détenu et une voisine avec qui elle a noué des liens d’amitié. Agissant à l’instigation de son frère, c’est cette dernière qui fournit les appareils, non sans percevoir, au passage une “rémunération” tout juste suffisante “pour payer ses cadeaux de Noël”.
Dans une plaidoirie bien construite, Me Emmanuelle Fabregat, l’avocat de Maud Duprat, insiste sur la fragilité de sa cliente. Sur ses troubles bipolaires qui lui ont valu, en 2013, une hospitalisation en psychiatrie.
Sur le parcours chaotique qui s’en est suivi, avec un divorce et des problèmes financiers. Autant d’éléments qui, selon la défense, rendaient la surveillante vulnérable aux sollicitations. Particulièrement à celles de Pierre-Antoine Peraldi.
“Elle a craqué, résume l’avocate. Elle est sous le charme de cet homme, elle ne sait pas lui dire non.” Un argumentaire qui n’a visiblement pas attendri le tribunal. Se conformant aux réquisitions du parquet, celui-ci a condamné la surveillante à deux ans d’emprisonnement dont un avec sursis. Une peine assortie d’une interdiction définitive d’exercer tout emploi public.
Les deux détenus ont écopé, eux, de peines de 18 et 12 mois d’emprisonnement ferme. Lætitia Castellani, d’une peine de trois mois avec sursis.
Corse matin

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