Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, en fonction depuis octobre, a exprimé ses inquiétudes quant à la récente réforme de l’organisation de la police judiciaire (PJ). Lors d’une audience solennelle tenue ce lundi 20 novembre 2023, en présence du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, Bessone a déclaré être “inquiet” de cette refonte et a assuré qu’il serait “attentif aux modalités de sa mise en œuvre”.
Nicolas Bessone a souligné que sa préoccupation principale était de ne pas diluer la police judiciaire dans la résorption des stocks de la sécurité publique. Il a également insisté sur l’importance de garantir la “liberté absolue de choix par les magistrats du service enquêteur” ainsi que le maintien de l’autonomie de la PJ dans la gestion des dossiers sensibles, qui, selon lui, a contribué à la grandeur de l’institution.
Le procureur a tenu à préciser qu’il ne faisait “pas de procès d’intention”, tout en reprenant les “lignes rouges” établies par la conférence des procureurs généraux. Ces lignes rouges comprennent le maintien de l’autonomie de la PJ et la préservation de son rôle crucial dans la résolution des affaires délicates.
En ce qui concerne la réforme, Nicolas Bessone a noté des similitudes avec l’organisation de la gendarmerie, mais a souligné que cette dernière échappait aux écueils qui préoccupent la PJ.
La réforme, initiée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, vise à placer tous les services de police du département sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale, relevant du préfet. Cette initiative a été critiquée, en particulier par de nombreux enquêteurs de la PJ, provoquant des manifestations de protestation à travers la France à l’automne 2022, auxquelles le monde judiciaire s’était également joint relate Ouest-France.
Les critiques soulignent un risque de “nivellement vers le bas” des compétences de la prestigieuse PJ, craignant que la primauté accordée à la sécurité publique ne compromette sa capacité à résoudre les crimes les plus graves. Nicolas Bessone a souligné que la PJ, chaque semaine, élucide discrètement et de manière déterminée des affaires graves, soulignant ainsi l’importance de préserver son professionnalisme et son efficacité.
La réforme de la police judiciaire demeure un sujet de débat et de préoccupation, avec le procureur de Marseille restant vigilant quant à son impact sur l’institution qu’il représente.
