Après le décès d’un élève, après un malaise cardiaque, au lycée Gaston Berger à Lille, une lycéenne traumatisée par le drame confie ce qu’il s’est passé dans la salle d’examen.
Après le décès d’un élève au lycée Gaston Berger à la suite d’un malaise cardiaque, mardi 21 mars 2023 à Lille, plusieurs voix se font entendre sur le comportement des 8 adultes chargés de surveiller l’épreuve anticipée de baccalauréat. Parmi elles, celle d’une jeune femme de 19 ans, qui se trouvait juste derrière la victime dans la salle d’examen. Témoin de toute la scène, elle se dit traumatisée et dénonce l’inaction des surveillants.
« On nous a interdit de nous lever »
Mardi 21 mars 2023, 70 élèves étaient réunis dans une pièce pour passer l’épreuve de spécialité d’économie pour le bac STMG. « Les sujets ont été distribués à 14h. C’est arrivé juste 3-4 minutes après », nous raconte la lycéenne lilloise, avec une voix tremblotante. Elle était assise juste derrière la victime, un jeune homme qui souffrait de problèmes cardiaques. « Il était connu pour cela, il avait un pacemaker. On n’était pas dans la même classe mais je le voyais souvent au lycée. »
C’est alors que le lycéen commence à faire un malaise cardiaque. Très vite, ses amis et ses camarades de classe cherchent à lui venir en aide. Mais, d’après le témoignage de la lycéenne, les 8 adultes présents pour surveiller l’épreuve n’ont pas agi. Pire encore. « Son ami a crié plusieurs fois qu’il fallait l’aider, qu’il avait un pacemaker. Mais ils nous ont interdit de bouger alors que des élèves voulaient se porter volontaires pour l’aider. »
On nous a dit qu’il ne fallait pas se lever parce qu’on passait le bac. Alors qu’il était tout bleu, avec les yeux grands ouverts. On ne sentait plus son pouls.Lycéenne témoin de la scène
Les sapeurs-pompiers ne sont finalement arrivés que 20 minutes plus tard. « On a dû rester devant lui durant tout ce temps, jusqu’à ce que les pompiers nous fassent évacuer la salle. Tout le monde est remué. »
Pris en charge par les secours, le lycéen a été conduit au CHU de Lille où il a été déclaré décédé, plus tard.
« Il y a une non assistance à personne en danger »
Après ce drame, la jeune femme de 19 ans se dit réellement traumatisée. « Je n’ai pas dormi de la nuit, je me sens toujours mal. » L’épreuve interrompue a été décalée à la semaine prochaine. « C’est trop court, estime l’élève. On ne peut pas nous demander de revenir comme ça. »
Témoin directe du drame, la lycéenne doit rencontrer une personne de la cellule psychologique. Ce mercredi midi, elle avait déjà fait part de la situation à son médecin traitant, installé à Lille. Ce dernier décrit sa patiente comme étant « dans un état de stress. Elle est arrivée en pleurs, elle est traumatisée par ce qui s’est passé. »
Le professionnel de santé se dit ainsi « profondément choqué par la gestion ». « Les surveillants ont interdit aux élèves de porter secours, de prendre leur téléphone pour appeler le 15. On peut sauver une vie en appelant le Samu, une personne peut vous guider à effectuer les gestes. » Selon lui, il y a une « non assistance à personne en danger ».
la plupart des élèves sont des majeurs, ils n’ont que faire des injonctions des “surveillants” perso j’aurais pris mon téléphone et j’aurais appeler les secours et le premier surveillant qui m’emm-erde prend mon poing dans sa geu—le
Glacial. Inimaginable. Comment une telle attitude est-elle possible ? Je comprends que les élèves soient choquées, entre des ordres inacceptables malgré les appels à l’aide, et leur volonté de sauver leur camarade… Comment faire encore confiance à des adultes se montrant à ce point irresponsables ? Les incompétences doivent être sévèrement sanctionnées pour non-assistance à personne en danger. Une pensée émue à la famille du lycéen dévastée.
Les personnes qui donnent ces ordres n’ont plus rien d’humain.
Pauvre petit jeune déjà atteint d’un problème cardiaque, j’en ai les larmes. Et ces autres enfants témoins d’une telle atrocité.
Cette jeune fille n’oubliera jamais, aucune aide ne pourra effacer ces images.
Un monde abject.