Justice. Le détenu havrais est reconnu coupable de ne pas avoir regagné la prison à l’heure. Trop occupé à chercher du travail
Ă€ l’entame de cette comparution immĂ©diate, la prĂ©sidente rappelle Ă JĂ©rĂ©my qu’il est cĂ©libataire, qu’il n’a pas d’enfant… et qu’il est sans profession. « Absolument, bah oui », confirme le dĂ©tenu. Son absence de travail est le principal nĹ“ud du problème pour son huitième procès devant la correctionnelle.
Le Havrais de 31 ans n’a plus été condamné depuis 2014. Seulement, le juge de l’application des peines a révoqué deux anciens sursis en raison de manquements aux rendez-vous du suivi judiciaire. « Je ne pouvais pas y être. Je travaillais à l’époque à Angers. J’avais prévenu », promet l’intéressé. Depuis mai, il est incarcéré au centre pénitentiaire de Saint-Aubin-Routot.
À compter de fin octobre, il bénéficie d’une semi-liberté pour aller chercher du travail dans la journée. Il en décroche un premier qui tombe à l’eau, car son extraction de la prison ne se réalise pas à la bonne heure dès le premier jour. Il en décroche un second qui échoue également, pour un autre motif. « Tout ça, ça m’a dégoûté », peste Jérémy.
« Je ne demande rien de gratuit »
« Très investi au début », selon le juge chargé de son suivi, il finit par rentrer un soir alcoolisé. Puis, un autre, il ne toque pas à l’heure à la porte de la prison. Enfin, le 22 novembre dernier, il ne rentre pas du tout. Il erre la nuit dans les rues du Havre.
Le lendemain matin, il appelle le commissariat pour indiquer qu’il se rendra le soir venu, après une journée à chercher un boulot. Mais, il est interpellé l’après-midi par une patrouille qui l’a reconnu. Avec 0,70 gramme de whisky par litre de sang et 20 € de cannabis acheté la veille à la gare.
« Bah tout est dit. Tout est là  », souffle Jérémy dans le box en direction de la présidente qui tente de le secouer. « Oui, je suis toujours motivé pour un travail. Pour ensuite avoir un logement, poursuit le détenu. J’ai toujours travaillé avant. Je ne demande rien de gratuit. Je sais que rien n’est gratuit. »
Quelques minutes plus tôt, le Havrais s’est tout de même interrogé sur « quand ça va s’arrêter ». Ses démarches de soins et de travail ont été entamées en prison. « Au début, j’y allais pour faire plaisir à l’administration. Mais, plus maintenant. J’ai tout fait pour m’améliorer, pour changer ma vie. Trouver quelque chose pour pas qu’il ne se passe rien. » Une huitième ligne est inscrite au casier judiciaire de Jérémy.
Toutefois, le tribunal du Havre décide d’une « dispense de peine » concernant l’« évasion ». Le détenu n’aura pas de sanction à purger pour ce délit. Il écope d’une amende de 200 € pour sa consommation de cannabis. Il était toujours incarcéré pour du stupéfiant, ainsi que pour des dégradations et des outrages.