Alors qu’il franchissait la porte de la salle de la commission de discipline pour connaître la sanction qui avait été prise à son encontre, un détenu du centre pénitentiaire d’Alençon/Condé-sur-Sarthe s’est jeté sur la directrice-adjointe, jeudi 23 novembre. Il l’a saisie à l’épaule et dans le mouvement, la tête de la directrice-adjointe a heurté le bureau. Sa secrétaire et une administratrice civile ont également été blessées dans l’altercation. La seconde, en voulant protéger la directrice-adjointe.
« J’étais un peu frustré »
Les six surveillants pénitentiaires en poste dans la salle ont alors immédiatement maîtrisé le détenu. Non sans heurts car tous écopent d’une interruption totale de travail, d’une durée de deux à 21 jours selon leurs blessures.
Quelques jours plus tôt, le détenu avait commis des violences à l’endroit de son escorte qui le ramenait de Rennes. La commission de discipline délibérait donc, ce 23 novembre, sur la sanction à prendre à son encontre. « Je n’étais pas content de revenir à Condé-sur-Sarthe. A Rennes, ils m’avaient dit que je n’avais pas le profil pour y être. Parce que Condé est un établissement particulier, pas comme les autres. Donc j’étais un peu frustré », a expliqué le jeune Martiniquais de 26 ans au tribunal correctionnel d’Alençon devant lequel il était jugé ce mardi 28 novembre, dans le cadre de la procédure de comparution immédiate.
« Je pensais la secouer un peu et du coup, ils m’auraient transféré ».
Le détenu s’excuse de ses gestes. « Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait mais j’assume. Je ne pensais pas que ça allait aller jusque là . Sans parloir et sans famille, c’est difficile. J’étais désespéré, c’était la seule solution. J’ai foncé sur la directrice, je l’ai attrapée par le col et je lui ai mis une petite tape derrière la tête ».
« Cinq minutes de violences consenties et voulues »
Le procureur de la République relève que le détenu « a blessé neuf personnes en cinq minutes et il aura fallu le professionnalisme de six agents pénitentiaires pour le maîtriser, lui, qui s’en sort indemne ! » Le représentant du Ministère Public note que cette scène n’est pas
« quelques secondes de dérapage mais cinq minutes de violences consenties et voulues ». Il a requis trois ans de prison ferme.
Le tribunal a suivi ces réquisitions. Le jeune homme, en détention depuis dix ans et libérable, avant ces faits, en 2023, prolonge donc son incarcération de trois années supplémentaires.