La contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, dénonce la surpopulation carcérale en France. Mais elle pointe aussi que le nombre de places en prison a doublé en 25 ans sans que la délinquance ait augmenté. Elle livre à Ouest-France ses réflexions et ses propositions.
« Les oubliés de la société », c’est le thème des Journées nationales des prisons, organisées la semaine prochaine. Considérez-vous que les détenus sont oubliés ?
Oui, complètement. On considère encore trop que la priorité est la mise à l’écart des détenus pour la sécurité. Ce devrait être de les réinsérer, de préparer leur sortie. Beaucoup sont souvent, avant leur incarcération, déjà des oubliés de la société : en difficulté d’un point de vue social, avec des histoires familiales chaotiques. Et sans cette priorité de la réinsertion, la prison n’aboutit qu’à une chose : les « désinsérer » davantage.
La surpopulation carcérale persiste. Quelle est la situation aujourd’hui ?
Dramatique. On compte près de 70 000 détenus pour moins de 60 000 places. Cela veut dire, dans certains établissements, trois détenus dans des cellules pour deux, ou encore, comme à Nice, cinq femmes dans une pièce de 11 m2. C’est une indignité de les faire vivre comme cela, dans des cellules souvent dégradées, avec un état d’hygiène épouvantable.
Y a-t-il assez de surveillants ?
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