IncarcĂ©rĂ© Ă Fleury-MĂ©rogis, en rĂ©gion parisienne, depuis 18 mois, Salah Abdeslam, unique survivant des commandos des attentats du 13-Novembre, est le dĂ©tenu de France le plus surveillĂ©. L’enquĂŞte a dĂ©sormais fait Ă©merger sa responsabilitĂ© dans les attaques de Paris, celle de l’un des logisticiens. Mais la route vers un procès sera encore longue alors que les juges d’instruction espèrent clĂ´turer le dossier au printemps 2019.
Salah Abdeslam, 28 ans, a rencontrĂ© Ă six reprises les magistrats. Ils n’ont entendu qu’une seule fois le son de sa voix. Depuis, il se retranche derrière son droit au silence. Le franco-marocain refuse tout autant le dialogue avec ses gardiens et est maintenu sous surveillance vidĂ©o 24 heures sur 24. Des conditions de dĂ©tentions qui ont pourtant rĂ©cemment connu “un très lĂ©ger assouplissement”. Car la prioritĂ© est bien de l’amener jusqu’Ă son procès.
“Nous avions des craintes pour pouvoir le conduire jusqu’au procès. Or c’est cela qui est important pour la justice et donc dans des conditions de sĂ©curitĂ© absolument totale. Il n’est pas question qu’il en soit autrement. Un très lĂ©ger assouplissement de ses conditions a Ă©tĂ© opĂ©rĂ©”, a assurĂ© la ministre de la Justice Nicole Belloubet.
Obsédé par la propreté
Un morceau de plexiglas a Ă©tĂ© Ă´tĂ© de la fenĂŞtre de sa cellule, afin de laisser passer le bruit de l’extĂ©rieur. Salah Abdeslam bĂ©nĂ©ficie de deux Ă quatre visites par mois, notamment de sa mère et de son frère. Mais le rĂ©gime de dĂ©tention du terroriste reste exceptionnel. Il ne sort Ă l’air libre que dans une cour qui lui est exclusivement rĂ©servĂ©e afin de lui empĂŞcher tout contact avec d’autres prisonniers, et est surveillé jour et nuit par six gardiens.Il passe alors la plupart de son temps prostrĂ©, Ă rĂ©curer sa cellule, ses aliments… comme obsĂ©dĂ© par la propretĂ©.
Si la perspective d’un procès n’est pas envisagĂ©e avant 2020, le logisticien des attentats du 13 novembre, doit comparaĂ®tre une première fois devant la justice belge Ă partir du 18 dĂ©cembre, pour tentative d’assassinat sur des policiers belges et français Ă Bruxelles lors d’une perquisition dans un appartement conspiratif Ă Forest, dans la banlieue de Bruxelles en mars 2016, quelques jours avant son interpellation.
Détonateur défectueux
Lors d’un rendez-vous avec le magistrat instructeur Salah Abdeslam avait Ă©galement Ă©mis le souhait de vouloir se rendre en Belgique afin d’assister Ă ce procès. “Il y a des nĂ©gociations en cours entre les Français et les Belges. Il y sera. Il doit comparaĂ®tre dans un dossier qui ne revĂŞt pas d’intĂ©rĂŞt majeur cĂ´tĂ© français. Les options ne sont pas encore totalement tranchĂ©es”, a assurĂ© de son cĂ´tĂ© François Molins, le procureur de la RĂ©publique de Paris.
Si Salah Abdeslam ne parle pas, la justice française espère que d’autres tĂ©moignages viendront complĂ©ter les investigations. Toutefois, les enquĂŞteurs estiment dĂ©sormais que le terroriste aurait dĂ» se faire exploser lors des attentats du 13 novembre 2015. Ce jour-la, le dĂ©tonateur de la ceinture explosive de Salah Abdeslam n’aurait pas fonctionnĂ©. Selon un complice prĂ©sumĂ©, il voulait bel et bien dĂ©clencher sa ceinture mais aurait manquĂ© de liquide permettant son fonctionnement.