Le 10 juin 2007, le Wattrelosien Aliou Thiam décédait à la maison d’arrêt de Loos d’une crise d’épilepsie sévère. Jugé devant le tribunal correctionnel, le surveillant chef en poste cette nuit-là avait été relaxé. Le parquet a fait appel. Il est rejugé ce jeudi devant la Cour d’Appel de Douai.
L’affaire « Aliou Thiam », du nom de ce père de famille mort en 2007 à la maison d’arrêt de Loos, est certainement sur le point de trouver son épilogue. Après plus de dix ans de parcours judiciaire tortueux, « un combat » pour reprendre les termes de son avocat Gildas Brochen, et après un premier procès qui s’est terminé en relaxe, un surveillant pénitentiaire est rejugé en appel pour « non-assistance à personne en danger », ce jeudi, à Douai.
Aliou Thiam avait 38 ans. Il vivait à Wattrelos et était père de deux jeunes enfants. En juin 2007, il purge une peine de prison pour des violences à la maison d’arrêt de Loos. Le dimanche 10 juin autour de six heures, son codétenu appelle les gardiens. L’homme convulse. Un surveillant alerte le gardien-chef. En poste cette nuit-là , il est le responsable en titre de la maison d’arrêt. C’est d’ailleurs lui qui détient les clefs des cellules.
Christophe D. est alors sur le point de terminer son service. « Je suis resté jusqu’à 8 heures, expliquera le fonctionnaire de la pénitentiaire à la barre du tribunal correctionnel de Lille. Après être entré dans la cellule avec un autre surveillant, j’ai mis un tissu humide sur le visage de Thiam qui avait les yeux fermés. Il a réagi et m’a repoussé. » La présence d’un filet de bave sanguinolente, du sang sur les lèvres, sur l’oreiller est constatée. Les faits sont simplement consignés sur le livre de bord de l’infirmerie.
L’information pour « recherche des causes de la mort » ouverte le lendemain conclura à une « prise massive de méthadone ayant abouti à une dépression progressive du système nerveux central ». Une mort par overdose qui s’ajoute à d’autres dans cette maison d’arrêt et qui conduira d’ailleurs le parquet à s’interroger sur les modalités de distribution des médicaments de substitution au sein de la maison d’arrêt. Mais la famille d’Aliou va douter de cette version et ne va pas ménager ses efforts. En 2009, un second expert lie le décès à un « état de mal épileptique » qui aurait pu être traité avec une « prise en charge immédiate ».
Le surveillant-chef a toujours contesté les faits reprochés. « Si le moindre doute avait subsisté lorsque je suis allé le voir à deux reprises, je n’aurais pas hésité à faire appel aux secours, expliquera-t-il aux enquêteurs. Je maintiens qu’il ne présentait aucun signe de détresse pour sa santé ou pour sa vie ».
Le procureur de la République avait requis huit mois de prison avec sursis, estimant que tout n’avait pas été fait pour éviter ce décès.