Radicalisé fiché S, le trentenaire demandait, jeudi après-midi, en appel à récupérer des affaires personnelles. L’administration pénitentiaire a sorti le grand jeu. Un peu trop.
Cagoules, fusils-mitrailleurs en main, les hommes des Équipes régionales d’intervention et de sécurité, le GIGN de l’administration pénitentiaire, impressionnent à l’entrée de la salle d’audience. Un peu trop, même. Ils font le tri, demandent aux professionnels une carte et aux autres, d’aller voir ailleurs. Un excès de zèle évident : l’audience est pourtant publique…
Dans la salle, un dangereux criminel ? Juste David Pagerie, un peu plus de 30 ans, surinvesti dans un rigorisme religieux inquiétant, plus provocateur que virulent. D’ailleurs, il est jugé en appel après avoir été condamné pour ne pas avoir respecté son assignation administrative à résidence. « Je rappelle qu’il exécute six mois pour être allé à la piscine à Beaucouzé », soupire son avocat, Me Sami Khankan.
Conteste-t-il sa peine de prison ? Même pas. Il veut juste récupérer des affaires confisquées : deux téléphones portables, une carte sim, une tablette, deux livres, trois CD. « Une restitution de tout, surtout les documents personnels, une lettre de Pôle emploi… », annonce l’intéressé.
L’avocate générale Carol Dugast en convient : « Je vais vous demander de faire le tri. » Pas question que le prévenu récupère les moyens de communication « sur lesquels ont été retrouvées des images de décapitation ». « Étant donné qu’il a été relaxé, je ne vois pas comment les objets peuvent rester saisis », s’étonne Me Khankan, en référence à la consultation habituelle de sites terroristes pour laquelle il n’a pas été condamnée.
Les débats s’étendent sur un peu moins d’une demi-heure. La cour d’appel renvoie au novembre sa décision. David Pagerie repart, bien encadré, au milieu de la cohorte d’agents armés jusqu’aux dents, transporté dans un convoi de trois voitures. Tout ça pour ça.