Incarcéré depuis le 11 juillet, le trentenaire parle d’accident, de geste involontaire. Même si tout dit le contraire. Le 26 août, peu avant 8 h, les surveillants entendent du tapage dans la cellule qu’occupent Fehti et ses deux codétenus. Quelques minutes auparavant déjà , le bruit les avait fait se déplacer. Ils avaient constaté que Fehti avait détruit un meuble de rangement. Là , c’est plus grave. L’un des codétenus – avec lequel le prévenu entretenait de bonnes relations – hurle de douleur, se tenant le visage à deux mains. Il vient d’être ébouillanté par la projection de l’eau qui se trouvait dans la bouilloire, tout juste débranchée.
“ Là , à trois, c’est que des problèmes ”
Fehti, déjà condamné pour des faits de violence aggravée, explique avoir pris, la veille, des médicaments pour dormir, puis s’être réveillé et n’avoir pas pu mettre la main sur son paquet de cigarettes. Il accuse le dernier codétenu arrivé dans la cellule courant août (d’origine maghrébine comme lui), mais s’attaque pourtant à l’autre (d’origine africaine), son ami, en s’aidant du câble de la radio, puis de la radio elle-même avant d’attraper la bouilloire, de l’ouvrir et de projeter son contenu en direction de son visage.
Deux examens médicaux plus tard, la victime présente des brûlures au 2e degré principalement sur le visage, et se voit établir une incapacité totale de travail de cinq jours. Fehti, lui, est passé devant la commission disciplinaire et a écopé de trente jours de cellule disciplinaire, dont cinq jours avec sursis, sur une durée de six mois. Une sanction qui s’ajoute à la réponse pénale.
« J’ai pas fait exprès, répète encore le prévenu, insistant sur le rôle des médicaments pris la veille, je ne l’ai pas visé. L’eau est partie partout. Je voulais la jeter sur le mur. Et puis, à deux, on était bien. Là , à trois, c’est que des problèmes. » Des explications qui ne convainquent pas. Pour le procureur de la République, il n’est « pas tolérable qu’on s’en prenne à son codétenu. Et rien dans ce dossier va dans le sens d’un accident. » Dix-huit mois ferme sont requis, avec mandat de dépôt. Me Guerekobaya, pour la défense, explique que son client n’était, ce jour-là , « pas dans son état habituel », mais « sous le coup de la colère. »
Au final, Fehti, qui était libérable en avril prochain, a été condamné à douze mois de prison ferme. Il devra en outre verser 5.000 € à son codétenu au titre des dommages et intérêts pour son préjudice moral.
A l’énoncé de la peine, le trentenaire de nationalité algérienne a fait un malaise. Un examen médical d’urgence a été diligenté dès son retour à la maison d’arrêt.
La nouvelle republique