« Donner aux détenus des moyens de communication par des portables contrôlés ou des lignes fixes. » Les propos de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, publiées dans le journal La Provence, la semaine dernière, avaient suscité de nombreuses réactions. La garde des sceaux avait fait marche arrière, peu après, précisant qu’il n’a « jamais été question » d’autoriser les téléphones portables en prison. Interdits, ils sont pourtant bel et bien présents. Dans l’Yonne, comme ailleurs.
Des poursuites
Entre janvier et juillet 2017, « 29 téléphones portables ont été saisis au centre de détention de Joux-la-ville, et 143 à la maison d’arrêt d’Auxerre », indique la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) de Dijon. Des chiffres à mettre en perspective : la maison d’arrêt connaissant un turnover plus important.
La détention d’un téléphone portable « est un délit qui entraîne des poursuites disciplinaires (en interne) et des poursuites pénales (via le parquet ou le juge de l’application des peines) ».
Toutefois, les détenus peuvent, légalement, communiquer avec l’extérieur.
« Pour pouvoir accéder aux cabines téléphoniques fixes, la personne détenue doit en faire la demande auprès du chef d’établissement, s’il s’agit d’un détenu condamné, ou du magistrat, s’il s’agit d’un prévenu. »
DISP (Direction interrégionale des services pénitentiaires)
Une fois l’autorisation obtenue, le détenu doit communiquer une liste des numéros. « Une fois la liste validée, l’intéressé ne pourra utiliser qu’un des numéros y figurant. Tout ajout nécessitera une nouvelle demande auprès du chef d’établissement ou du magistrat. » Les appels passés « sont enregistrés », sauf pour ceux concernant les avocats.
Le modus operandi varie, ensuite, d’une prison à l’autre. Au sein de la maison d’arrêt d’Auxerre, il y a 5 cabines fixes pour environ 160 détenus actuellement (lire par ailleurs). Soit une dans le bâtiment principal, deux dans les cours de promenade, une au quartier d’isolement et une au quartier disciplinaire. « Elles sont en accès libre lors des promenades, et sur demande pour celles situées dans les bâtiments. Il n’y a pas de restriction de temps pour les communications. Mais l’établissement peut en imposer une en cas de forte demande. »
Trente cabines téléphoniques
Au centre de détention de Joux-la-Ville, qui compte quelque 540 détenus, 30 cabines fixes sont recensées, « dans chaque coursive et sur les cours de promenade ». Les détenus peuvent téléphoner « de 7 heures à 11 h?45 et de 13 heures à 18?h?15 », sans restriction de temps.
Enfin, « les personnes détenues n’ont pas accès à Internet », précise la direction interrégionale des services pénitentiaires de Dijon.
Surpopulation. CarcĂ©rale. Une seule des deux prisons icaunaises souffre de surpopulation carcĂ©rale. Etablissement pour peines – recevant des condamnĂ©s Ă des peines d’au moins deux ans – le centre de dĂ©tention de Joux-la-Ville est Ă©pargnĂ©, Ă©tant rĂ©gi par un numerus clausus. Au 1er aoĂ»t, 539 personnes Ă©taient dĂ©tenues pour 601 places. Seule la maison d’arrĂŞt d’Auxerre, qui accueille les personnes en attente de jugement, les condamnĂ©s Ă des peines infĂ©rieures Ă deux ans, ou ceux en attente d’affectation vers des Ă©tablissements de longues peines, est touchĂ©e. Au 1er aoĂ»t, 162 personnes Ă©taient Ă©crouĂ©es alors que sa capacitĂ© opĂ©rationnelle est de 100 places.