En plein dĂ©bat sur l’installation de tĂ©lĂ©phones dans les cellules, des dĂ©tenus de la prison du Gasquinoy Ă BĂ©ziers expliquent qu’ils ne s’en serviront certainement pas. “Nous serons Ă©coutĂ©s ? Nous ne le voulons pas”, expliquaient-ils, sous couvert d’anonymat, la semaine dernière, via des portables entrĂ©s illĂ©galement.Des nouvelles de derrière les barreaux
Depuis le mois de juin, la rĂ©daction de Midi Libre est rĂ©gulièrement en contact avec des dĂ©tenus. De manière rĂ©currente, ces derniers donnent des nouvelles de ce qui se passe dans le huis clos carcĂ©ral. Depuis maintenant trois mois, ils dĂ©noncent l’organisation de trafics de drogue, au vu et au su des surveillants, prĂ©tendent-ils. Ils dĂ©noncent le “laisser-faire” des autoritĂ©s qui, selon eux, “ne peuvent pas ignorer” ce qui se passe.
“Nous ne pouvons pas refuser”
“On nous force Ă rentrer la drogue, Ă la passer d’un bâtiment Ă l’autre. Nous prenons des risques pour quelques petits caĂŻds et, si nous ne nous exĂ©cutons pas, nous sommes menacĂ©s, puis on se fait “Ă©clater”. Si on ne fait pas ce qu’ils veulent, on nous prend tout ce qu’on a. On est des toxicos alors ils en abusent. Quand il y a une fouille, c’est nous, les “mules”, qui trinquons. Nous ne pouvons pas refuser et nous avons peur.”
Des détails précis
Ces arguments sont souvent mis en avant par des prĂ©venus passant devant les tribunaux pour introduction de produits stupĂ©fiants via le parloir. Ils ne sont jamais pris en compte parce qu’aucun nom n’est jamais donnĂ© aux autoritĂ©s. On pourrait penser Ă une manipulation de la part de dĂ©tenus qui sont parvenus Ă trouver le contact de la rĂ©daction de Midi Libre. Mais, renseignements pris auprès de certains surveillants, il s’avère que les dĂ©tails donnĂ©s par tĂ©lĂ©phone sont extrĂŞmement prĂ©cis, les noms de ceux qui organiseraient les trafics aussi. Des dĂ©tails sur certains dĂ©tenus sont aussi livrĂ©s, sur les cellules qu’ils occupent. Bref, de quoi laisser entendre que ces dĂ©tenus ont peut-ĂŞtre vraiment peur de ce qui se passe derrière les murs du Gasquinoy.
Un appel Ă l’aide
Ce sont ces mĂŞmes contacts qui, au mois de juillet dernier, avaient informĂ© du dĂ©cès d’un dĂ©tenu espagnol qui venait d’arriver en maison d’arrĂŞt. La semaine dernière ces dĂ©tenus ont renouvelĂ© leurs appels en expliquant : “Rien n’a bougĂ©. Aucune fouille n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Pourtant, l’administration pĂ©nitentiaire est au courant de ces informations et les dĂ©tenus prĂŞts Ă se livrer. On a des noms Ă donner. Ça doit bien intĂ©resser quelqu’un ou bien alors, on veut laisser les trafics se poursuivre dans la prison.” Les contacts attendent un signe fort de l’administration pĂ©nitentiaire.
Midi libre