🇫🇷 Moulins-Yzeure, les portes des cellules restent ouvertes sur un étage

Treize dĂ©tenus vivent avec la porte de leur cellule ouverte Ă  la prison de Moulins-Yzeure (Allier). Ce n’est pas une fleur de la PĂ©nitentiaire. En Ă©change d’une dĂ©tention « plus souple », les prisonniers doivent respecter des engagements. Objectif : faire baisser la violence et favoriser la rĂ©insertion.C’est un Ă©tage Ă  part dans la maison d’arrĂŞt. Un Ă©tage, sur l’aile gauche, oĂą depuis le 6 juin dernier, les dĂ©tenus naviguent Ă  leur guise dans le couloir. La porte de leur cellule est ouverte.
Un contrat passé avec le détenu

Ils sont treize dĂ©tenus – sur la cent cinquantaine que compte la maison d’arrĂŞt de Moulins\Yzeure – Ă  circuler librement sur la coursive. Certains discutent, d’autres jouent aux dames dans une pièce au fond du couloir, Ă  cĂ´tĂ© des douches et de la petite salle de musculation qui, contrairement au rĂ©gime portes fermĂ©es, sont en accès libre.
Ouvrir les portes des cellules, ce n’est pas une fleur faite par la prison de Moulins-Yzeure aux dĂ©tenus. Mais c’est un mode de gestion expĂ©rimentĂ© en 2015 Ă  Mont-de-Marsan (Landes) qui se dĂ©ploie peu Ă  peu dans les prisons françaises. BaptisĂ© « module de respect » ou « rĂ©gime d’autonomie », il repose sur un contrat passĂ© avec le dĂ©tenu : « Il signe un acte d’engagement », explique JĂ©rĂ´me Chareyron, directeur de la maison d’arrĂŞt.

« Selon les personnes, le dĂ©tenu s’engage Ă  faire son lit, Ă  garder sa cellule propre, Ă  se lever le matin, Ă  participer Ă  des activitĂ©s (scolaires, ludiques, travail) et aux comitĂ©s mis en place (hygiène, gestion de conflit..), Ă  rechercher un emploi ou Ă  entrer dans un dispositif de formation, etc. Il faut que la personne dĂ©tenue soit impliquĂ©e, qu’elle forme une Ă©quipe dans un milieu oĂą c’est souvent chacun pour sa pomme. L’objectif est de prĂ©parer la sortie ».
Autrement dit, faire en sorte que la personne qui sort de prison puisse continuer Ă  l’extĂ©rieur le projet amorcĂ© Ă  l’intĂ©rieur. « Avec ce mode de gestion en autonomie, on arrive Ă  mettre du sens dans la peine », ajoute Christine Rodriguez, directrice-adjointe du service pĂ©nitentiaire d’insertion et de probation (Spip) chargĂ© de la rĂ©insertion des prisonniers. « En les accompagnant, on Ă©vite les sorties sèches sources de rĂ©cidive ».

Faire baisser la violence en prison

Ce « rĂ©gime d’autonomie » doit aussi contribuer Ă  faire baisser la violence en prison, limiter les conflits entre dĂ©tenus, diminuer les agressions sur les surveillants. On manque encore de recul Ă  Moulins-Yzeure mais, Harouna, surveillant, constate « un climat plus apaisĂ© » sur la coursive. « On le ressent vraiment. Il y a moins d’accrochage avec nous ».
L’Ă©tage consacrĂ© Ă  ce nouveau mode de gestion de la dĂ©tention peut accueillir jusqu’Ă  dix-sept dĂ©tenus. Ils sont sĂ©lectionnĂ©s par une commission oĂą l’avis des surveillants compte. Il n’est pas forcĂ©ment requis d’ĂŞtre un bon Ă©lève de la dĂ©tention pour passer au rĂ©gime autonomie : « On laisse Ă  chacun sa chance », glisse le directeur JĂ©rĂ´me Chareyron. « On n’a pas de recette miracle mais il faut tenter des choses ».

La place Ă  cet Ă©tage n’est pas dĂ©finitivement acquise. Le dĂ©tenu a les cartes entre ses mains. S’il ne joue pas le jeu, qu’il ne respecte pas ses engagements, il repart au rĂ©gime de dĂ©tention « portes fermĂ©es ».

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