« Ce week-end à Condé sur Sarthe, un de nos collègues s’est fait planter. Il a frôlé la mort… » Cette nouvelle agression, explique Jérémy Janniot, conforte le mouvement national des surveillants pénitentiaires FO ce mardi matin. « On est smicards pour se faire casser la gueule » poursuit au micro, le délégué interrégional FO pénitentiaire.
Les statistiques nationales viennent de sortir : 5000 agressions et 12000 menaces signalées en 2016 « et sept prises d’otage depuis 2017 ». Des agressions en prison il y en a toujours eu « mais elles sont plus violentes ».La radicalisation de certains détenus a accru la tension. « Quand on ouvre la porte, on ne sait pas ce qui va se passer » chuchote un surveillant en échangeant un regard avec un collègue qui le pousse à parler. Mais il n’en dira pas plus.
Le collègue a vingt-six ans de métier. Il a vu la fonction changer : « ce qui me trouble le plus, en prison, je ne vois plus de mecs tristes d’être là . » D’autres se mêlent à la conversation. Sur la population pénale qui a changé : « beaucoup de SDF » ; sur les postes qui s’enchaînent : « parfois dix-huit heures d’affilée » : sur les « missiles » (colis jetés aux détenus depuis l’extérieur et contenant drogue, téléphones etc) : « c’est ingérable »…
Un suivi psychologique des surveillants ? « Il y a un psy pour 400 surveillants. » Les visites médicales ? « Je n’en ai pas eu depuis dix ans. » Mais surtout, la désaffection à l’égard du métier de surveillant pèse sur le moral : « sur 830 candidats qui ont réussi le dernier concours, plus de 200 ont abandonné deux mois après disant qu’ils ne sont pas faits pour ça. » affirme Jérémy Jeanniot. Et pendant ce temps, « on nous rajoute sans cesse de nouvelles missions. »
Autre point d’inquiétude, les quartiers « mode respect » où les portes sont ouvertes pour des détenus engagés par contrat de confiance. Ça existe déjà à Maubeuge, Liancourt, Beauvais : « Mais on empile les quartiers les uns à côté des autres. Les prisons deviennent une sorte de fourre-tout. Avec un surveillant pour cent détenus, c’est impossible à gérer. »
La Voix Du Nord