Détenu depuis juillet 2013 au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, un homme de 36 ans comparaissait « pour la première fois » devant le tribunal correctionnel d’Alençon, jeudi 15 juin, pour recel de biens provenant d’un délit et ce, en état de récidive légale pour avoir été condamné pour les mêmes faits en 2012 et 2016.
« Des appels à mourir en martyr »
Le bien recelé était un lecteur MP4, découvert dans la poche de son pantalon, à l’occasion d’une fouille de sa cellule, le 8 juin 2016, « tôt le matin alors que vous étiez encore au lit », signale la présidente non sans ajouter que le détenu a reconnu les faits « puisque l’encellulement, à Condé, est individuel ».
Le lecteur contenait « des appels à mourir en martyr, des extraits du Coran, des chants religieux et des appels au Djihad », relève la présidente. Le détenu avait alors expliqué que ces fichiers lui avaient été remis par un autre détenu qui avait transféré « ses données MP3 » sur le lecteur du prévenu « pour ne pas les perdre car le sien était cassé ».
À la barre, il renouvelle l’explication. « Moi, je voulais apprendre l’arabe mais là, c’est de l’arabe littéraire que je ne comprends pas ».
Le prévenu fait remarquer que l’administration pénitentiaire « autorisait les fichiers MP3. Et il n’y avait rien de mal, c’était juste des cours ». La présidente insiste sur le fait « que c’est interdit ! Même s’il y a un certain laxisme, MP3 et MP4 sont interdits. Au même titre que les téléphones portables ! »
En détention depuis 2004, l’homme de 36 ans est libérable en 2021. « Je travaille à l’atelier et je prépare ma libération mais des appels interjetés bloquent mes autorisations de sortie », signale celui qui espère « de la clémence du tribunal pour pouvoir enfin tourner la page car j’arrive à la fin ».
Pour la procureur de la République, « plus que l’objet interdit en détention, c’est la personnalité du prévenu et le contenu du lecteur qui interrogent. Il dit qu’il ne comprend pas l’arabe mais peut-être qu’il le comprend parfaitement. Donc ça interroge sur sa dangerosité ». Sur la tolérance de l’Administration pénitentiaire à détenir des MP3, le Parquet botte en touche : « Si l‘administration tolérait, elle n‘aurait pas signalé ces faits au Parquet ! »« Il travaille avec ses écouteurs ! »
Elle ne nie pas l’envie du détenu de se réinsérer. « Mais la première chose à faire, dans ce cas, c’est de respecter le règlement et lui ne le fait pas ! » La procureur pointe la récidive. « En 2015 quand un lecteur a été retrouvé dans sa cellule, il y avait déjà un message de l‘État islamique ! » Elle requiert huit mois de détention.
« On a considéré que le prévenu n‘avait pas le droit de détenir un lecteur MP4 alors que c‘était toléré et que quand il travaille, il a ses écouteurs branchés au su et au vu de tout le monde ! », plaide la défense selon qui « on lui en veut pour la détention de fichiers qui seraient la preuve que c‘est quelqu‘un de dangereux or il n‘a pas fait parler de lui sauf pour la détention d‘un lecteur MP4 ! On lui prête des intentions malhonnêtes or, il travaille, fait ce qu‘il faut pour se réinsérer et il n‘a jamais fait parler de lui en matière de radicalisme. Par ailleurs, cette détention de MP4 a déjà fait l‘objet d‘une sanction interne », rappelle l’avocat de la défense qui invite le tribunal à de la clémence.
Le tribunal a finalement condamné le prévenu de 36 ans à huit mois de prison ferme « en raison du double état de récidive et parce que la dernière condamnation remontait à cinq mois avant ces faits jugés ce jour », a conclu la présidente.
Orne Hebdo
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